samedi 6 juin 2009

N'importe quoi II

D'une main tremblante il verse un peu d'alcool dans un verre qui le temps d'une nuit a pu s'assécher. En aspirant sa première taf, il se demande si cette journée sera comme celles qui l'ont précédée. C'est en portant le verre à ses lèvres qu'il arrive à avaler cette perspective qui le désole un peu.
Il fixe la porte vitrée qui donne accès à son bureau, on devine derrière un couloir sombre d'un immeuble miteux. La pièce est presque silencieuse, seulement le bruit du déplacement d'une trotteuse d'horloge qui tourne en rond, un peu comme lui. Il se dit ce n'est pas si mal de tourner en rond, l'important est d'avancer.

Ca lui rappelle une enquete qui n'avancait pas. Le témoin, un homme qu'il a épié pendant trois jours pour pas grand chose. Il était dans la quarantaine, tenue soignée et rigide. Il s'assoyait sur un banc de parc et lancait du pain à des pigeons pendant des heures sans parler à personne d'autre, seul les pigeons semblaient l'intéresser. Pourtant il avait l'allure d'un banquier, d'un homme d'affaire mais il ne s'affairait qu'à nourrir ces betes là.

Avant de s'approcher de lui, il posa le pied sur les restes d'une Malboro tout en fouillant dans sa poche d'imper pour en sortir une autre pour l'allumer. Une fois près du banc qu'il avait approché lentement pour ne pas faire fuir la vermine, il lui demande doucement s'il peut s'asseoir. L'homme accepte d'un léger mouvement de tete. Il tente de lui parler mais il sent l'irritation de son voisin de banc. Est ce que je vous dérange? Ben disons que votre fumée m'incommode.
En fait ce n'était pas tellement la fumée, il est allergique aux humains et il était clair que cet homme n'allait rien lui dire.

L'affaire c'est fini là, sur ce banc qu'il quittait en laissant aussi derrière lui quelques centaines de dollars.

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