samedi 9 mai 2009

Mentana et Sain-Joseph...

Il s'y trouve une grosse maison de brique, large et profonde, haute de trois étages.
Les portes sont de chene, les vitres s'accompagnent de vitraux au haut. On devine l'intérieur, fait de murs de platre, de moulures en chene et de planchers de bois plutot francs, du vrai quoi, pas du toc. Des maisons que l'on ne construit plus meme si on le voulait, la pureté des matériaux n'existe plus. On l'a devine un peu sombre, l'époque de l'après guerre l'était, elle en témoigne.

Comme la maison est profonde, il y a une porte sur le cote, rue Mentana. J'y vois parfois une femme, on dirait un zombie. Elle est grande et maigre, les cheveux et la peau d'une blancheur plus que laiteuse. Le fard à joues, le rouge à lèvres et l'ombre des paupières prennent l'allure d'un déguisement clownesque. C'est un personnage qui se tient là parfois dehors juste à coté de cette maison.

Je l'a croise souvent, je l'a regarde sans lui adresser la parole, elle se tient là devant le coté de sa maison sans bouger. On dirait un chien bien dressé qui n'a meme plus besoin de laisse pour rester là à quelques metres sans plus dans ce territoire qu'elle s'est donné. Elle fait théatrale, comme ces vieilles qui persistent à se maquiller lorsqu'elle ne devraient plus.

Je ne sais pas ce qui c'est passé ce matin. Je me suis levé déshydraté par une veille trop arrosée, j'allais me chercher un jus histoire de me déplisser un peu.

Elle était là dehors, debout sans bouger, comme d'habitude, mais cette fois-ci elle regardait les arbres. Lorsque je l'a croise, elle m'adresse la parole, je n'avais jamais entendu sa voix.
- Vous avez observé les feuilles qui poussent? me demande-t-elle d'un ton heureux avec un accent francais prononcé. Putain, je n'avais pas l'humeur à la parole, dommage.
-Heu! non pas vraiment. C'était meme pas vrai, j'avais observé, le pas vraiment était par manque de disponibilité.
Elle doit etre une vieille comédienne, une vielle artiste, elle est du domaine des Arts c'est sur.

Je retourne chez moi avec mon jus, elle est toujours là, debout, mais là elle regarde la petite bordure de gazon qu'elle a refait l'an dernier, celle qui longe le mur de sa maison rue Mentana. Je suis un peu plus éveillé.
- Vous regardez votre gazon pousser? lui dis-je. Je ne me souviens plus de sa réponse.

Je suis entré dans mon appart miteux pour me servir un verre de jus. Elle m'intrigue toujours cette dame anachronique qui sort d'un autre monde.

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