jeudi 14 mai 2009

Hansel et gretel...



L'impuissance, émotion purulente et acide détruisant la chair par sa production chimique qui envahit le corps. Faut etre en contact avec ses émotions dit-on, bien celle-là, je m'en passerais bien mais elle s'impose sans etre invitée.

Alain, hier, m'a partagé la sienne, en entrée seulement, juste pour me donner un avant gout d'un déjà vu pour lui. Rien d'aussi intense, à peine quelques gouttes ont suffit pour me bruler la peau. J'imagine facilement l'enfer dans lequel la schizophrénie le tient captif.

En s'engageant dans un de ses délires, il m'a tassé dans un coin pour me transformer en personnage imaginaire sur lequel je n'avais plus de prise. Je me retrouvais là, sur l'un des trois bancs du métro Laurier complètement seul, à coté de lui pourtant.
Je n'étais plus qu'un personnage dans un scénario qu'il manipulait malgré lui. Une marionnette qu'il animait selon le gré de qui? Personne ne sait vraiment. J'assistais au spectacle incapable d'en modifier la mise en scène, il se jouait là devant moi et devant lui aussi. Tout les deux spectateurs impuissants devant l'expression d'une détresse si forte qu'on en perds pied.
Je me sentais dépersonnalisé, déshumanisé, dissocié et désincarné. Ces étranges sensations n'étaient en fait qu'un partage des émotions qu'il ressentait à ce moment là. C'était très intense., les manèges à La Ronde? Rien de comparable.

Alain aurait pu m'agresser mais j'ai quitté avant que mon personnage devienne trop mauvais pour lui. J'ai cru qu'il était mieux de lui laisser ce moi, celui qu'il c'était imaginé. Il a du lui faire du mal, mais ce n'était qu'à un gars imaginaire, heureusement pour moi, et un peu pour lui aussi. J'étais maintenant dans ce eux qui regroupe les médecins et autres professionnels qui ont fait de sa vie un enfer.

Je reste avec l'impression qu'il est difficile pour Alain de retrouver son chemin qui l'amènerait à comprendre rétrospectivement certaines choses. C'est comme si les miettes de pain qui tracaient le chemin du retour avait été soufflées par le vent pour s'éparpiller partout laissant ainsi Hansel et Gretel dans une confusion totale et sans espoir de renouer avec un sentiment de bien etre et de confort. À la place, ils se perdent à tenter de suivre ces miettes qui ont éclaté et qui se retrouvent partout, perditude.

Alain hier m'a partagé, in vivo, comme on dit, son désespoir. C'est de ca qu'il s'agissait en fait. En quelques mots de lucidité, il m'a dit:
- Écoute mon gars, j'ai 60 ans, je n'y arriverai pas, personne arrivera à me soulager. Si cela avait été possible, ils auraient réussi , non? Ca fait déjà 40 ans!
- Oui Alain, c'est fort réaliste mais triste en meme temps.


J'ai fait un lien avec Hansel et Gretel, intuitivement, il faudrait que je relise cette histoire, voir si ca s'applique vraiment.

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