mercredi 28 janvier 2009

Personne de concernée...

Yves Boisvert dans La Presse d'aujourd'hui dit, en faisant référence à la tuerie de la polytechnique, ne pas savoir pourquoi cette rage-là, dont on ne perçoit que les ombres s'est muée en délire meurtrier?

Moi je lui dirais que c'est parce qu'il n'est pas intéressé à le savoir et qu'il ne se sent pas concerné. Il est plutot intéressé à s'indigner des effets des délires une fois rendus meurtriers.

Pour ma part il est pourtant tellement évident qu'une rage ne nait pas meurtrière, elle le devient petit à petit, rien de soudain, vraiment rien.

Il sous-entend qu'après coup on ne peut que percevoir les ombres de celle-ci. Bien sur, comme lorsqu'un ballon éclate, on ne percoit que de petits morceaux. Ce qui donnait forme au ballon est disparu et avec lui tout ce qu'il aurait pu nous enseigner, si on avait entendu. Mais ca, on s'en foutait lorsque c'était le temps d'entendre, peut etre parce qu'elle n'était pas trop nuisante?

On s'étonne parfois que des personnes non concernées soient victimes. Personnellement ca ne me surprend pas du tout. La rage meurtrière repose souvent sur une suite, un défilé de personnes qui ne se sentaient pas concernées par la situation du futur enragé, alors pourquoi il en serait autrement pour les victimes? Pourquoi l'agresseur leurs réserverait-il un traitement différent de celui qu'il a connu?

Mais lorsqu'on fait le parcours suivi par l'enragé on se rend compte qu'il a fait plusieurs appel à l'aide et que bien des gens n'entendaient pas cette demande. Tu ne cadres pas dans ce programme, pour avoir de l'aide tu dois payer, je ne peux t'aider, ce n'est pas mon mandat, tu dois faire ceci ou cela meme si la personne en a pas la capacité. Des trucs du genre qui font en sorte que les demandes d'aide restent sans réponse et la personne s'enfonce dans sa détresse et sa rage petit à petit, step by step. Et chacune de ses demandes d'aide se sont heurtées à des gens qui s'en sont lavé les mains, au mieux ont-ils tentés de le pelleter chez le voisin qui lui aussi s'en lavait les mains.

Alors dans cette chaine ou personne est concernée comment s'étonner qu'au bout de celle-ci il y ait des victimes qui ne l'étaient pas?

Je sais que ces propos peuvent choquer mais ce n'est pas le pire de mon propos. Le pire c'est que les personnes et les organisations non seulement ne se sentent pas concernés mais elles cherchent aussi à s'en laver les mains. L'horreur est projetée dans l'enragé meurtrier, eux ils ont les mains propres et si tu tentes de faire le parcours de cet enragé, ils ne vont que tenté de se protéger les fesses et montrer pattes blanches.

Un de mes billets sur le nourrisson décédé qui s'est retrouvé dans une laveuse illustre bien ce dernier propos, entre autres, ce n'est pas les exemples qui manquent mais il me glace le sang et ce n'était pas mon enfant. En conclusion, il y a tellement d'inhumanité dans les organisations et les professions comment s'étonner qu'il y en ait aussi chez certaines personnes?

*****
Boisvert se dit touché par ce drame, il n'ira pas voir le film je crois parce que ca le touche trop. Il était près du drame de la polytechnique. Un collègue journaliste sans cellulaire ne savait pas ce qui advenait de son enfant qui étudiait là. La valeur du drame qui s'est vécu là, en a à ses yeux parce qu'il s'y est senti près. Fucking bourgeoisie, ce journaliste pleure un drame parce qu'il en était près. Les journalistes ont leurs payes, leur maison, leur famille et ils intellectualisent comme ca par plaisir de le faire sur des sujets qui sont loin d'eux mais quand un évènement se rapproche d'eux, là ils se mobilisent et s'émeuvent. Ce journaliste en Afghanistan dont le caméraman a été blessé a fait bien du bruit, il en aurait fait encore plus si c'était le journaliste qui avait été blessé. Les journalistes comme les autres se lavent les mains, ils ne se les salissent que pour eux meme.
Je le trouve poche l'article de Boisvert.

L'objectivité des journalistes, bien sur...

4 commentaires:

Une femme a dit…

Tu apportes des éléments importants. La rage qui ne nait pas meurtrière et devoir cogner à une porte payante pour trouver de l'aide. Je connais une dame qui attend de l'aide psychologique gratuite du CLSC pour un choc post-traumatisme depuis 1 an déjà. En attendant elle ne fonctionne pas du tout. S'enlise dans des dettes étant inapte au travail et se demande où bon sens retrouver sa vie d'avant et la joie de vivre qui l'accompagnait.

«La rage meurtrière repose souvent sur une suite, un défilé de personnes qui ne se sentaient pas concernées par la situation du futur enragé, alors pourquoi il en serait autrement pour les victimes?» «Alors dans cette chaine ou personne est concernée comment s'étonner qu'au bout de celle-ci il y ait des victimes qui ne l'étaient pas?»

Je ne trouve pas ces propos choquants. Ils donne la possibilité de faire ne serais-ce qu'une petite lumère, un mini veilleuse sur le problème.

Pour ce qui est des organisations, je ne sais pas. je n'ai pas regardé les deniers bulletins de nouvelles mais tes propos à leur égard me donne le reflet de ton conflit avec pro-gam.

Michel a dit…

Organisation at large, comme le CLSC, les hopitaux, le système judiciaire, le chomage, etc. Tout ce qui est organisé. Et bien sur pro-gam en fait parti et est soutenu par d'autres organisations qui diront que je souffre d'une rage et ils s'en laveront les mains.
C'est comme ca. Ta petite dame dépérirait que la responsabilité serait nulle part comme un ballon vide.

Anonyme a dit…

Les experts en pitchage de balles...Ce n'est jamais la faute de personne, on s'étonne des drames comme ceux là, pourtant, la société est malade et aveugle.
Demander de l'aide et se faire fermer la porte, je connais. Tu te retrouve seul avec ton mal, ta rage. Elle grossit à force de te faire barrer la route, le rejet amplifie l'animosité déjà présente, la haine face au système entraine un point de non-retour. Pourtant les signes avant-coureurs étaient bien clairs, comme un livre ouvert la rage meurtrière a un passé lointain, tout est écrits quelque part, des cris ont déjà percé la nuit. Mais c'est tellement plus facile se fermer les yeux et se laver la conscience de toutes responsabilités...Tant qu'il n'est pas question de morts, où tant que ce n'est pas personnel à leur petite personne, il n'y a pas d'urgence d'agir.
Attendre toujours de nouveaux cadavres pour agir, et agir sur le fait présent, sans pour autant s'investir à long terme dans ce combat. Paroles en l'air de bureaucrate, les dossiers s'accumulent et finissent dans l'oublie, les actions elles, sont médiatisées dans le but de se flatter l'égo...
Pétage de broue insipide, sensationnalisme inutile...J'ai la nausée devant les faits...

Michel a dit…

Fanny May...
Je vois que l'on partage ce mal de coeur. Je me reconnais dans chacun des mots que tu as écrit comme si on était jumeaux.

Le plus drole tu sais, face à cette rage, ils se cachent derrière des vitres pour mieux continuer leurs trucs en toute sécurité.

Pour ca que la peine de certains devant l'horreur... (j'ai pas de mots)