jeudi 1 janvier 2009

Un beau bac...

Je souffle dans la paume de ma main que j'ai rapprochée de mon nez pour le réchauffer. Il fait froid très froid, plus que froid, trop. Je marche vers l'épicerie qui sera fermée.
C'est le jour de la récupération, dans un bac vert un homme y a posé les fesses, ses pieds dépassent. Je lui demande:
- Ca va?
- Bof, ca pourrait etre mieux, ca pourrait etre pire, moyen disons. Il y a 15 ans, je reposerais ce soir dans une poubelle ou dans un sac vert, je ne serais qu'un déchet, heureusement la récup. Mais bon, de toute facon, je me retrouverai au meme endroit, dans un site d'enfouissement, mais ca parait plus noble. La récupération tu sais ce n'est qu'une facon de se laver les mains et de jeter l'esprit en paix. Tu as vu cette pub de Boucher qui parle de recycler les cellulaires, il est sérieux, c'est ca le pire. Les cellulaires ca plantent des arbres, tu savais? Plus tu achetes de cell, plus il y a d'arbre, c'est cool non? Il peut bien avoir écrit ma gang de malade vous etes donc ou?
- Mais qu'est ce que tu fais là un soir de première?
- Bah la vie est comme ca, elle utilise, elle use et ensuite c'est la poubelle ou le bac. As-tu une autre question un peu plus pertinente?
- Ben tu veux une couverte?
- Me couvrir de quoi?
- Ben du froid.
- Tu penses que je me ramasse le cul dans un bac à recyclage le premier janvier parce qu'il fait froid?

- Non mais là il fait froid.
- Ca fait longtemps que je gèle pis ta couverte va juste te donner l'impression d'avoir fait quelque chose. As-tu peur que je salisses ton beau bac vert? Je ne serais peut etre pas recyclable dans ton quartier, faudrait que je pose mon cul ailleurs?

1 commentaire:

Une femme a dit…

La pauvreté n'est pas seulement dans la rue. il y a ceux qui arrivent à peine a payer leur logement et se nourrissent avec l'aide des banques alimentaires. J'en ai fait partie.
Je suis de celle qui donne par ci par là un petit 2$, une cigarette, un canne de soupe enfin bref je n'ai pas l'impression d'avoir aider plus qu'il faut, seulement, je partage ma propre pauvreté en me disant qu'un jours ma générosité paiera. De toute facon personne ne donne gratuitement. L'un s'attend à recevoir en retour la grace de Dieu, l'autre libère sa conscience.

Cependant, lorsque je lis dans l'itinéraire ou la galère le témoignage d'un itinérant qui a pu passer d'itinérant à «pauvre avec un toit» , je me dis qu'un paquet de petit 2$ regroupé ensemble à pu aider quelqu'un non?