jeudi 29 janvier 2009

10 ans...

Avis aux lecteurs..défoulement
Mes 10 années les plus productives je les ai passé à travailler auprès des hommes violents. Mon but, que ca cesse.
C'est épuisant comme boulot, la résistance, la frustration, la détresse surtout. Je sais la détresse d'un agresseur est moins noble que celle d'une victime. C'est justement ce qui est épuisant. Etre Mère Thérésa qui travaille auprès des pauvres, tu recois des médailles et des éloges, le bon Dieu dans la rue, c'est beau.
Les gens qui me demandaient - tu travailles dans quoi? Heu auprès de hommes violents.- ha ouin.
S'il se trouvait une femme victime de violence, elle me tournait le dos, elle m'identifiait à l'agresseur.
Dommage, c'est gens auraient du comprendre que je faisais ce boulot parce que je m'identifiais aux victimes et que c'était la facon que j'avais trouvé pour faire en sorte que des enfants ne vivent pas ce que j'ai vécu lors de mon enfance. Je me sentais percu comme un Kadafi bien souvent, pourtant mon coeur Thérèsa.

J'ai pas réussi, ca m'épuisais trop. Les cinq dernières années, un nouveau directeur qui était sur mon dos, à me déprécier, à me surcharger, à frapper les murs devant moi, m'insulter devant mes collègues.
Au cours de ces années, il s'est fait son équipe qui m'isolait de plus en plus. Un matin, je rentre pour ressortir mourir dehors, crise d'anxiété, je n'avais plus aucun soutien à l'interne. Deux groupes de thérapies, deux soirs semaine bien sur, thérapies individuelles, accueil, ouverture de dossier, accueil téléphonique, ligne 24-7, comptabilité que je ne devais plus avoir, mais l'un des membres de son équipe en était incapable alors Michel le faisait.

Alors me voilà dehors mon coeur me lache. Je tombe en maladie. Il me demande de continuer le service 24-7, je serai payé à mon retour.
Il n'y a pas eu de retour. À la mort de mon père j'ai tout laché.

Le directeur m'appelle un jour - Tu travailles pour qui, ca fait deux mois qu'on a pas de nouvelles. - Pour personne. - Viens au bureau demain. - Je ne m'en sens pas capable. - ok, je vais en parler au CA. - Tu dis toujours ca, c'est quoi, tu veux me mettre à la porte? - J'en parle au CA pis je te rappelle dans 2-3 jours. - Comme tu veux.

2 jours après je recevais mon 8% sans qu'il m'ait appellé, motif, absence injustifiée.

C'est correct je ne conteste pas. Personnellement je n'aurais pas fait ca, mais bon, c'est son choix et il est justifiable.

Mais mon travail pour la ligne 24-7 quand j'étais en maladie, pourquoi il ne me le paie pas? Parce qu'un directeur qui fait travailler un employé en congé de maladie, ca parait mal. Alors lui et son CA tente de nier ca et ne me paie pas pour protéger leurs fesses. Le directeur m'a dit je te paye si tu me protèges les fesses. J'ai dit, je n'ai aucune autre condition à remplir, j'ai déjà fait le travail pour lequel votre organisme me doit de l'argent. Il m'a dit, ben va chier alors. Et voilà, comment se termine ces 10 années dans un organisme qui pourtant parait très bien.
Cet organisme prétend etre le meilleur au Québec pour faire de la prévention de l'abus. Pas mal fort ca.

Je ne me prétends pas etre juste victime, j'ai ma part, ma difficulté à m'affirmer ou à le faire tout croche, m'appartient et y a aussi jouer un role important. Mais le non paiement de ce qui m'est du ne m'appartient d'aucune facon. Il est là mon sentiment d'injustice et cette rage qui l'accompagne parce je suis impuissant devant ces grosses fesses toutes roses. Ils sont bons eux.
Le plus drole j'appelle Centraide pour qu'ils exercent de la pression pour qu'ils me paient. La réponse, ils doivent avoir leur raison. Deux jours après, un huissier chez moi, une mise en demeure, TAIS-TOI!
J'ai répondu, ce que je dis est vrai, je ne vais pas me taire. Ding dong, une deuxième mise en demeure, rien de trop beau, au frais de Centraide. Un don à Centraide c'est aussi un don pour payer les frais de huissiers. Ils ne le disent pas dans les pubs. Ca ferait pourtant une belle pub.

J'ai meme pas eu ma boite de mes trucs, vous savez cette boite lorsqu'on vide son bureau. Ca m'a pris un an pour récupérer mes bottes et les dessins de ma fille, mon parapluie on oublies, et tout le reste aussi. Lettre de référence, oublies ca, je suis effacé, 10 ans d'effacés parce qu'ils ont peur pour leurs fesses.

Je sais que j'ai été désagréable ici mais ca me fache ce silence autour de tout ca.
Beaucoup

4 commentaires:

Âme Tourmentée a dit…

Tu n'as pas été désagréable, tu t'exprimes! Ne cesse pas de le faire, ne tombes pas dans le mutisme, car c'est avec lui que l'on s'empoisonne...

-xxx-

Michel a dit…

Oui c'est vrai qu'il y a quelque chose de libérateur à en parler. Mais en meme temps, c'est laid, ca éloigne de gens parce que c'est sombre. On entre dans l'ombre, la lumière est plus attirante, plus invitante.
Une personne qui parle de sa détresse c'est moins intéressant, faut aussi supporter qu'on devient ainsi moins intéressant et que la reflexe autour est de s'en éloigner, comme si ca devait se passer derrière des rideaux fermées.

J'ai décidé de ne pas les laisser fermés mais je ne sais pas pu ca mènera. Je ne veux pas faire dans la victime trop longtemps. Je suis comme dans un combat ultime ou l'autre est dessus moi et je tente de me relever en me demandant comment faire. Ici, je fais une tentative, je passe une jambe entre celles de celui qui m'écrase. Je ne sais pas si ca va etre efficace. Si pas, je tenterai un mouvement des bras. Une chose de sur, je vais me battre pour changer de position.

Anonyme a dit…

Tu as trouvé une façon bien noble de crier ce qui t'empoisonne l'intérieur...Ne lâche pas comme dirait âme, moi mon blog m'a sauvé d'une rechute. Il fut pour moi la meilleure des thérapies, peut importe le nombre de lecteurs, peut importe les critiques, je le fais d'abord et avant tout pour moi. Que tu sois ou non désagréable importe peu, je ne vois pas la raison de te justifier. Ceci t'appartient, personnes ici n'est dans ta peau, toi seul sais ce dont tu as besoin...
Tu faisais effectivement un métier ingrat, de par le jugement des autres sur la position que t'occupais face à la violence. La sévérité des gens à ton égard m'est incompréhensible, car ces agresseurs sont d'abord et avant tout victimes soit de leur passé, soit de leur propre perte de contrôle. Ils ont besoin d'aide, et je suis contente de lire enfin une personne qui s'impliquait dans cette réalité, sans toujours voir la femme comme seule victime dans les faits...
Ta rage est compréhensible. Dix ans de travail partie en fumée, dix ans qui se sont évaporés, comment peut-on rayer tant d'années dans la vie d'une personne sans broncher...Je ne pourrais accepter une telle situation, me retrouver au point de départ, comme si tout mon passé n'avais existé...
Je te trouve très courageux de te tenir debout devant tant d'injustices, ça démontre une grande force de caractère.
Ne baisse surtout pas les bras, et vide toi ici quand tu en ressens le besoin. Continue d'extérioriser le trop plein, ne te referme surtout pas...

Michel a dit…

Fanny may...
Merci pour tes mots d'encouragement.