lundi 29 décembre 2008

A vos souhaits...


La dinde sent la farce, les gens rigolent autour.
Pendant que les grands s'amusent en attendant la fin de l'année, le petit a sommeil et le grand-père assis, regarde ces jeunes s'exciter les molécules pour peu de chose. Son petit fils vient le rejoindre.

- Papi, tu viens me border, je suis fatigué?
- Bien sur mon gars , brosse toi les dents, mets ton pyjama, mets toi au chaud sous les draps et je te raconterai une drole d'histoire.
- C'est bon Papi, je suis pret.
- Ca va, tu es confortable? Fais moi une petite place.

Et le grand-père un peu en marge commence son histoire par le traditionnel, Il était une fois...
... un 31 décembre 1970, comme à chaque année les gens se réunissaient pour se souhaiter plein de belles choses, une bonne année, de la santé, la paix dans le monde et dans l'univers au complet, de l'argent, des MP-6, des choses sans fils, des relations sans attachement douloureux et tout ces trucs là.

Mais cette année là, ton Papi n'était pas à la fete.
- Tu étais ou?
- Je marchais dans une foret asiatique, tu connais la jungle asiatique?
- Celle ou il y a des serpents?
- Oui, entre autre. Ici, au Québec, il y a la foret boréale avec ses bouleaux, ses conifères, et ses érables. Il y a aussi les ours noirs, les bruns et les originaux. Mais dans la foret asiatique, il fait chaud, il pleut beaucoup, c'est très humide. Il y a tellement d'arbres, de branches et de feuillages que l'on doit se faire un chemin à coup de machette. Pis les ours d'ici, c'est rien comparé aux serpents géants, aux gorilles gigantesques et aux insectes énormes qui peuvent te bouffer en quelques secondes.

Alors ce jour là, je marchais avec mes compagnons d'arme, on était à la guerre. Il fallait surveiller tout autour, l'ennemi était là, caché, pret à nous tuer. Mon coeur battait fort, il était en état d'alerte un peu comme le détecteur de fumée qui cri au feu sans jamais s'arreter.
- C'était qui l'ennemi?
- À cette époque là, c'était les vietnamiens.
- Ha oui, comme le monsieur du dépanneur Maboule?
- Oui.
Là devant, on apercoit un village, on se méfie, on approche doucement, l'ennemi est peut etre là qui nous attends, mais très vite on voit des gens morts, par terre. Ils font peut etre semblant de l'etre pour nous surprendre, alors on ne prend pas de chance, on tire sur ces personnes pour etre bien sur qu'elles soient mortes.
- Ha oui Papi, tu as tué des morts? Pourquoi tu ne tues pas le monsieur du dépanneur?
- Ben monsieur Nguyen n'est plus notre ennemi, cette guerre là est finie pour laisser la place à une autre.
- Ha oui, comment ca?
- Tu sais, les ennemis changent tout le temps. La seule chose qui ne change pas à travers les années c'est que les humains ont besoin d'avoir un ennemi. C'est comme ca depuis toujours.
- Oui c'est vrai, moi à mon l'école c'est la gang à Lanthier.
- C'est comme ca. Il y avait le bon Dieu et son ennemi c'était qui?
- Le diable?
- Oui, c'est ca bravo!
Dans les années 40, il y avait les allemands. Plus tard, c'était les communistes et aujourd'hui ce sont les arabes.
- Oui pis j'ai appris à l'école qu'en Afrique les ennemis ce sont les touts petits et les you tube.
- Tu es drole, les tutsis et les hutus, c'est vrai, tu en connais des choses mon gars.
Il y a eu aussi aux États-Unis, la chasse aux sorcières ou l'on brulait des femmes en croyant qu'elles étaient des sorcières. La chasse aux communistes aussi, ou l'on emprisonnait ou marginalisait ceux qu'on pensait etre des méchants communistes.
Ici au Québec il y avait les francais et les anglais.

L'humain est comme ca, il a besoin d'un ennemi, il abesoin de projeter le mal en dehors de lui. Si le mal est ailleurs, il n'est pas en lui. Alors il peut se prétendre bon et affirmer que le méchant, c'est l'autre. Jean-Paul sartre, un philosophe et écrivain francais a écrit un jour cette phrase toute simple.... l'enfer c'est les autres.
- Mais moi Papi, je suis bon ou mauvais?
- Bien tu es bon c'est sur, mais c'est parfois difficile à savoir.
- Oui comme ma mère, elle dit que le méchant c'est mon père, pis mon père dit que c'est ma mère. C'est mélangeant. Mais en tout cas Lanthier lui, c'est sur que c'est le méchant.

- Tu vois c'est bientot le jour de l'an, on parlera de paix sur la Terre, de bonté, de partage, de trève et de tout ces trucs ridicules.
Mais tu sais 2009 ressemblera pas mal à 2008.
Au Québec, il y aura des accidents de voiture mortelles, des vieux seront malades et décèderont, mais heureusement comme toi, des enfants naitront.
Et ailleurs dans le monde, en Afghanistan des soldats vont tuer ou se faire tuer. Dans la bande de Gaza, des gens seront aussi tués.
Des avions, des trains vont s'écraser ou déraper. Des grosses tempetes vont faire des victimes aussi.
Mais ca n'empeche pas les adultes, à chaque 31 décembre, de souhaiter une bonne année meme si elle n'arrivera jamais. Tu sais quoi mon gars?
-Non?
- Je vais rien te souhaiter pour 2009, je crois pas aux souhaits, c'est une magie qui ne fonctionne pas mais je te promets que je vais etre là pour toi pendant toute l'année. Pis le Lanthier là, si il t'écoeure trop, dit le moi, je vais m'en occuper.
- Papi, tu es vieux et je pense que tu racontes n'importe quoi mais merci pour l'histoire, je vais dormir maintenant, je suis trop fatigué.
- Bonne nuit mon gars, fais de beaux reves.

2 commentaires:

Isabeau a dit…

L'Homme un jour trouva qu'il avait l'air un peu égocentrique et bébête de se faire ainsi chaque soir des souhaits dans le miroir, alors il appris vite à en faire aux autres autour, en figurant qu'il y gagnerait par ricochet...ça a adonné que c'était un 1er janvier...

ceci dit......souhaiter à l'autre de faire de beaux rêves, est-ce que tu crois que ça marche sur le même principe?.... ;0)

mais trèves de jeux de mots.....très beau billet...tout en finesse...:)

Michel a dit…

Bien il y a bien des choses que je n'ai pu dire dans ce billet.

Je suis content que tu utilises le mot finesse. Il y a dans ce billet un certain refus mais qui n'est pas absent de sensibilité. Alors j'aime bien ce qualificatif.