dimanche 14 décembre 2008

Désir d'enfant II...


Désir d'enfant, ca sort d'ou ca?
Je vous raconte, un peu...

Mont-Royal coin Iberville, l'autobus se fait accueillante et m'ouvre toute grande ses portes. J'accepte l'invitation, je poireautais justement à l'arret depuis 15 minutes en attente de ce moment.

Par hasard, ma belle est là. Je m'assoies à sa gauche.
- Salut, ca va?
- Oui, et toi?
- Oui aussi, et je lui dis, tu sais, il n'y a pas urgence, on peut attendre quelques jours.

17 ans plus tard, nous parlions ma fille et moi, des rencontres amoureuses qui mènent à la naissance d'un enfant.
Elle me dit, tu sais ma mère m'a raconté que ce jour là, dans l'autobus, elle se rendait à un rendez-vous pour préparer un avortement.
- Ha oui?

En fait, il ne s'agissait pas d'un délai pour réflexion. Je m'étais dit qu'à 30 ans il était temps de m'engager dans des projets constructifs. Comme j'avais toujours eu ce désir d'enfant, c'était le temps.
Ma belle avait déjà deux enfants, et ils étaient beaux, alors pourquoi pas?
Je devais savoir à l'époque, que ma belle n'était pas la bonne, pour le couple et la vie de famille j'entends, mais pour moi ce n'était pas en lien avec le désir d'enfant.

Je me souviens de la crise que j'ai fait lorsqu'elle m'a appris qu'elle était enceinte, elle avait des raisons de monter dans ce bus pour son rendez-vous.
Pendant des années, j'ai redouté le moment ou ma fille me poserait la question qui tue.
- Est-ce que j'étais désirée?

Faut dire que la mère de mon père, il y a 75 ans, a du quitter son village des les premiers mois de sa grossesse pour plus d'un an, histoire de se cacher et pour entendre le bon moment d'un retour possible, soit une fois mariée et que l'age de l'enfant ne soit pas trop propice au doute de la légitimité de la chose.

C'est curieux, j'ai souvent senti que mon père portait un fardeau mais je ne savais trop quoi, je n'arrivais pas à cerner ce nuage gris qu'il trainait, ni sa jalousie maladive, pas plus que sa misogynie. Ce n'est qu'à sa mort que j'ai pu comprendre, suite à des révélations de ses freres et soeurs, pourquoi ses épaules semblaient si lourdes et pourquoi les miennes et celles de ma soeur en ressentaient aussi le poid. Il était, ma soeur aussi d'ailleurs, un batard.

Maintenant que je connais ce drame qui s'est joué sur deux générations je comprends mieux l'intensité de ma crainte face à la question qui allait m'etre posée un jour ou l'autre.
Je dois remercier un ami psy qui m'a aidé en me suggérant de répondre.
- Désirée oui, planifiée non.
Cette piste a calmé mon inquiétude. Le jour ou la question est venue, j'étais pret.

Je me doute depuis l'age de 9 ans qu'il est mieux d'etre clair avec soi-meme face à son réel désir d'enfant.
Je le sais depuis le jour ou je trainais dans le sous-sol sombre d'un Palais de Justice, il y a maintenant presque 40 ans, à coté de mon père qui m'interdisait de parler à ma mère qui elle, se tenait un peu plus loin, et ou j'attendais avec terreur le moment ou je devais dire au juge avec qui je voulais vivre.

J'ai donc au moins 75 ans d'expérience sur le sujet du désir d'enfant et ca fait au moins 35 ans que j'ai la certitude que les gens mélangent tout.

Dans l'autobus cette fois là je prenais l'engagement d'etre parent de l'enfant à naitre.

Je suis heureux que la Loi en matière de familles place maintenant, de plus en plus, l'interet de l'enfant au centre des décisions et des procédures qui menent à ces décisions.
Il y a encore beaucoup à faire mais c'est quand meme mieux.
Mais le mieux, idéalement, il est dans les efforts de celui qui est parent à suivre son engagement à mettre l'interet de l'enfant en priorité.

C'est un idéal auquel nul n'est tenu.
En conclusion, j'ai du faire très tot le deuil de la famille, la mienne, celle ou je suis né, ainsi que celle que j'aurais aimé créer. Mon père aussi a du faire le deuil de sa famille d'origine, ainsi que celle qu'il aurait aimé créer. En plus, il a du faire le deuil d'une famille qu'il aurait aimé que son fils soit capable de créer. Trois fois non à un idéal.
Pour ma fille? Si elle a un désir d'enfant, mon seul souhait, tient ca sera celui du jour de l'An, c'est qu'elle choisisse un homme qui sera un père adéquat, pour l'amour c'est un autre sujet qui ne me regarde pas.

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J'ai choisi une photo d'un enfant souffrant de trisomie pour surligner que le désir lorsqu'il se concrétise est bien souvent différent des attentes que l'on en avait . Mais ma fille ne souffre pas de trisomie meme si je l'a trouve parfois plutot mongole.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci à Miss Klektik de m'avoir mené jusqu'ici. Je découvre sur ces pages un autre univers. Et l'envie d'y replonger...(Il y a du stock dans ce dernier billet pour écrire tout un roman !)

Michel a dit…

Bienvenue Pierre-Yves,
Et merci de prendre le temps de réagir à ce texte.
Les themes arrivent, je tente de les écrire, je les travaille un peu, je suis paresseux, mais je plonge aussi un peu sans savoir.

La famille semble se dessiner, pour le moment...