lundi 14 septembre 2009

Une cour...

Aujourd'hui le temps est incertain, comme mon humeur.
Habituellement je prend mon élan sur 400 mètres et coin Saint-Joseph et Saint-Denis, je me transforme en quêteux. Mais là rien, je marchais en me disant que ça ne marchait pas . Je ne demandais rien, je ne regardais personne, écoeuré de cette quête à la monnaie.

Un kilomètre plus loin, j'attends que le rouge laisse place au vert. À ma gauche un homme m'accompagne dans cette attente. Je le regarde et je me dis pourquoi pas lui demander?
Sans trop de conviction, bonjour monsieur vous auriez un peu de monnaie svp? Il dit non. Je le remercie et me détourne de lui pour regarder devant moi, un peu éteint. De toute façon je n'attendais rien de lui. Je sens qu'il me regarde et il me dit j'en ai finalement, on traverse sur le vert et il me donne de la monnaie, ensuite il se met à courir comme pour me fuir pendant que je fous cette monnaie dans la poche gauche de ma veste en jeans. Il court d'une façon non viril avec son joli sac de papier qui vient d'une boutique chic. J'aurais dit efféminée mais certains auraient crié aux préjugés.

Je m'assoies sur un banc de bois, fume une clope, ma dernière. Une fois rendu mégot, je la quitte, là, en la délaissant sur le pavé comme on le fait avec une pute qu'on vient d'emplir et je poursuis ma déroute. (clin d'oeil à Oops, pas aussi bon mais c'est un clin d'oeil quand même)
Un peu plus loin je croise ce mec à nouveau, je le remercie encore. Il s'arrête pour me demander si je veux travailler un peu pour lui, il a une cour à nettoyer, elle se trouve devant l'Espace Go. Bien sur, j'aimerais bien. Il me donne l'adresse et le truc pour ouvrir le portail. Il m'y rejoindra un peu plus tard.

Juste à coté, il y a un salon de coiffure, j'ai besoin d'un sac à vidange, ceux des poubelles de la ville étaient tous emplis, alors j'entre et demande, je nettoies la cour juste à coté, auriez-vous un sac à vidange? La fille hésite, demande inédite mais surtout je crois qu'elle craint que je profite de son absence pour me tirer avec la caisse, alors je sors sur le trottoir pour la rassurer et j'attends.
Elle revient avec un sac de vidange recyclable en plus. Tout ce luxe m'impressionne.
Alors je ménage cette cour un peu bizarre dans ce coin plutôt bétonné.
J'ai presque terminé lorsque Claudio arrive, il est content de mon travail. Il me trouve joli et bien parlant, il me demande si je suis comédien, je dis non je suis quêteux en lui montrant d'un geste de mains mes vêtements.
On s'échange nos coordonnées, je lui donne mon mail, lui son téléphone et de l'argent. Il aimerait que je déneige sa cour cet hiver.

Je poursuis mon chemin, j'arrive à la SAQ mais le latino toxico m'a vu venir et il me précède de 15 secondes pour occuper la place. C'est de bonne guerre. Je m'approche de lui en le saluant. Il ne réponds pas, il est sur ses gardes, il se méfie de moi, il redoute une confrontation, je dis Salut Damien, là il réagit. Il est en colère, la compétition est trop forte, un mec empiète sur son territoire qu'il occupe depuis 7 ans. Ben il me dit ne viens pas empiéter toi aussi.
Je le rassure, tu es arrivé en premier, bonne journée. Je quitte pour un ailleurs.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

J'aime bien lire tes histoires de quêteux!

:)

Michel a dit…

Merci Adulescente, heureux que ça te plaise. :0)

Anonyme a dit…

Le clin d'oeil est savoureux.