Du trottoir, il suffit de monter 4 marches pour avoir accès à la SAQ. Entre la rue et le trottoir, il y a un espace fait de pavé uni. C'est là ou je suis autorisé à être, un peu en marge. Je me fixe là pendant que les gens normaux défilent devant moi sur le trottoir, chacun poursuivant quelque chose.
Je me place devant la porte d'entrée et je demande, juste avant qu'ils montent les marches. À la sortie rien, je soutiens le regard si il y en a un qui m'est lancé, et je fais un signe de tête pour saluer si je sens que cela ne les offusquera pas. Comme je suis un peu baveux, je regarde quitter ceux qui ne me regardent pas.
Une dame dans la jeune cinquantaine, avec des lunettes rondes à monture large passe devant, je demande, elle grimace. Quelques minutes plus tard elle sort. Je l'a regarde, elle me regarde, un léger hochement de tête pour la saluer. Elle s'arrête pour me parler.
Elle - On se sent piégé parce que vous êtes devant la porte.
Moi - Vous vous sentez piégé?
Elle - Pas juste moi, tout le monde se sent piégé. On vient s'acheter des produits de luxe et on se sent mal de pas donner. Pourquoi ne pas vous installez un peu plus loin, par là-bas?
Moi- Il est difficile de voir la misère des gens.
Elle - Non ce n'est pas ça, on ne sait pas ce que vous ferez de cet argent.
Moi - Ça, c'est autre chose, reste que c'est difficile de voir la misère, on aimerait mieux ne pas en être témoin. Vous me demandez de m'éloigner pour ne pas voir.
Elle - Non ce n'est pas ça, ce n'est peut être même pas de la vrai misère? En tout cas, je suis pressée, je dois partir.
Moi - Je vais me souvenir de vous et je ne vous ne demanderez plus.
Une conversation très brève mais qui me semble riche en contenu.
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Il y a 9 ans
5 commentaires:
Ce n'est pas la misère des autres qui font que les gens se sentent piègé. C'est le combat entre avarice, compassion, culpabilité et égocentrisme..
La compassion, sans vouloir t'insulter so much, je la raye de l'équation.
De toute façon on la considère à tords comme étant altruiste, elle est très égoïste en fait. Chercher à faire cesser la souffrance que l'on perçoit chez un autre vise ultimement à faire taire celle qu'elle éveille en nous.
Pour l'avarice, la culpabilité et l'égocentrisme, je ne sais pas encore.
Je viens de faire la lecture de quelques-un de vos billets.
Je dois dire que je suis enchantée d'avoir déniché des écrits de si bonne qualité.
Faut dire que sur la toile, malgré toute la belle diversité, tomber sur un blogue comme le votre, c'est un peu, en quelques sorte, découvrir au hasard un treffle à quatre feuilles sur un terrain de golf.
Merci d'en faire le partage!
:)
Adulescente...
Ce sont là de mots très gentils. Merci bien. Il me fait plaisir de vous avoir comme lectrice.
Je suis insultée, voire même outrée!!
J'aurais dû sortir mon livre sur les émotions avant de répondre ;)
N'empêche, ce que j'essaie d'exprimer c'est qu'on se sent obliger de donner pour calmer autre chose en nous.
Je suis de celle qui donne toujours et si j'ai pas un sous, je reviens sur mon chemin quand j'en ai. Pourquoi? Je ne sais pas. Je ne sais pas ce que je ne supportes pas de voir dans cette misère et je donne comme si ça allait donner un toit à quelqu'un, en croyant que la vie va me le remettre, en fait je donne probablement pour moi même.
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