samedi 22 août 2009

Essaim de pauvres...

Je suis devant la SAQ, une femme arrive pour y faire ses achats.
Moi - Bonjour madame, vous auriez un peu de monnaies?
Elle - (presque le silence) elle ne fait que taper de son pied pour montrer son écoeurement face aux nombreuses sollicitations qui lui sont faites. Elle aimerait ne pas être dérangé par cette pauvreté.

Le mois d'aout à Montréal est le mois des abeilles. Difficile de piqueniquer dans un parc sans se faire harceler. Le foie gras est déconseillé.
Mais le mois d'aout c'est aussi le mois des pauvres.

Je m'arrête fumer une clope au parc. Une femme maganée, mais alors là très maganée me demande si j'aurais une clope. Deux minutes après, une autre femme qui respire un peu moins la déchéance me demande à son tour et enfin un homme, suit avec la même demande. Les gens fouillent les poubelles, fouillent les cendriers extérieurs pour y dénicher des mégots.
Les pauvres sont comme des essaims d'abeilles au mois d'aout.

Les gens sont exaspérés de se faire demander au deux minutes ou à chacun des coins de rue et je les comprends très bien.

Ce n'est pas sans raisons qu'au USA, de petites villes ceinturées d'acier et bien gardées se construisent.

Westmount ressemble à ça, mais il y en aura plus dans un avenir rapproché parce que la classe moyenne et les riches deviennent irrités par cette pauvreté qui les cotoit de trop près.

Vous devriez voir la gueule des gens face à ma présence sur leur trottoir, ils expriment une souffrance énorme et le souhait de plusieurs est que je disparaisse.

Il y a un vieux mendiant, je crois qu'il est grec, peut-être portuguais. Il a un problème de santé mentale c'est clair, de diabète aussi. Ces mollets, ses chevilles sont très enflés avec des rougeurs et même des trous. Mais il tient la route, il traine avec lui sa maison sur trois roues. Le plus souvent il dort, la terasse d'un café l'autorise à s'y assoeir. Lui il ne dérange, il attire la sympathie même. Les gens lui glissent de l'argent dans ses poches lorsqu'il dort.

Cet après-midi, il était étendu par terre , adossé à un escalier. Il dormait sur le dos, on voyait son visage, les gens s'arrêtait pour vérifier si il était toujours vivant car il est clair qu'il va mourir sur le trottoir. Mais non, il ne faisait que dormir.

Le plus pathétique.... un homme a ouvert son cellulaire, s'est approché de lui, l'a photographié pendant qu'il dormait. Il s'est retourné pour mieux voir le résultat à l'écran. Satisfait, il a quitté sans même lui laisser un 25 cent.

Les pauvres c'est comme la vermine. L'avantage c'est qu'ils récupèrent. Les bacs à recyclage sont une mine d'or (faut le dire vite), les pauvres fouilles dedans à la recherche d'un 5 cent consigné. Les gens aisés mettent leurs bouteilles de bières vide au recyclage, les pauvres les ramassent. Les gens aisés jettent leur mégot de cigarette encore plein de tabac et prennent soin de bien l'aplatir, et le pauvre, le ramasse, lui redonne forme et le fume. Une canette à la poubelle, allez hop un pauvre la ramasse. Un muffin à moitié mangé laissé sur une table d'une terrasse, allez hop un pauvre le ramasse et se gate un peu. Le pauvre n'aurait pas d'objection à manger un restant d'assiette de resto, mais la vie veut qu'il soit plus simple de jeter cette bouffe à la poubelle. Un restant de salade grec avec quelques morceaux de fromage feta, allez hop, à la poubelle. Juste à coté un mendiant a faim, mais c'est trop compliqué de mettre les restes dans un contenant de plastique noir avec couvercle et de lui offrir, il est plus simple de jeter. Un petit doggy bag que l'on offre à un mendiant en sortant du resto, pourquoi pas?

Ce billet est long et je m'y perds.

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