lundi 10 août 2009

Le droit des femmes à l'avortement..

Lorsque j'entends cette affirmation, ça me rend triste. Mais au-delà des sentiments , elle me semble révélatrice.
Il y a le droit et bien entendu l'accessibilité qui doit permettre d'exercer ce droit. Là ça devient politique. Je ne suis pas inquiet, les regroupements de femmes au Québec sont nombreux et puissants.

Ce qui m'agace c'est que ce droit en est un accordé aux femmes. C'est là, exactement là, que la désolation m'apparait.
Par cette façon de formuler la chose, la notion de famille est absente, la notion de collectivité aussi. On parle d'un droit individuel qui transcende tout.
Mon corps, c'est mon corps, j'en dispose comme je veux et je revendique que ma collectivité me donne les ressources pour exercer mon droit librement.
Mon désaccord, il est là.

Ce n'est pas tant le droit des femmes qui me dérange, ce droit ne fait que traduire que dans notre société, le droit individuel prime. Il y a le droit des assistés sociaux, le droit de gens souffrant de maladie mentale, et bien d'autres . Mais qu'advient-il des valeurs familiales, communautaires et collectives?
Ainsi une fille de 14 ans peut se faire avorter sans consentement parental. Voyez-vous mon argument? Primauté du droit individuel, qui a pour effet de reléguer au second plan la famille, la disqualifier même.

D'un côté ça semble bon, mais d'un autre, le poids que l'individu doit porter sur ses épaules peut parfois être lourd. Imaginez cette jeune fille incitée à se couper du soutien de son milieu naturel et qui se fait accompagner par son amoureux ou des amies. Ça peut être lourd à porter.
Les solidarités, les réseaux informels de soutien me semblent tellement important et ils sont disparus, laissant place au droit individuel et le politique encourage cette désolidarisation.
Le gens ont des droits individuelles mais sont laissés à eux-mêmes. Là ce truc concernant l'accessibilité aux ressources pour l'avortement n'est que l'expression que l'État arrive difficilement à se substituer à la famille ou aux collectivités.

Mais ce n'est pas exclusif à l'avortement. Pensons à Chloé Sainte-Marie qui s'épuise à maintenir à domicile son conjoint (les aidants naturelles) , pensons à ces parents qui s'épuisent à s'occuper d'un enfant handicapé.

Le choix qui a été fait, celui des droits individuels, a contribué à l'éclatement de la famille.
Alors lorsqu'un individu a besoin d'aide, la famille n'est plus là pour le soutenir. Et il ne faut pas se leurrer, les professionnels sont capables de peu. Je suis certains que vous le savez pour l'avoir expérimenté au moins une fois dans votre vie.

Dans cette vision du monde, la famille est même vue comme une entrave à l'épanouissement des individus qui la composent. Un ado, faire la vaisselle, pffffff! Yo man.

J'avais écrit un billet une fois sur une belle asiatique qui tient un dépanneur avec son conjoint. Ils sont bouddhistes. Elle est enceinte, leur troisième et elle est très jeune, lui aussi, au plus 25 ans. Elle me disait, souriante et animé, c'est agréable, on va être plusieurs ensemble.

L'État qui tente de substituer aux solidarités et aux familles, la valorisation des droits individuels, ne fait pas que de mauvaises choses, mais elles font aussi beaucoup de victimes.

Ainsi les gens ont des droits mais se retrouvent souvent seuls et sans ressources véritables. Ça me rends triste.

Alors quand je lis le droit des femmes, j'entends aussi la souffrance inhérente à ce droit et à ce morcellement.
Ce n'est pas sans raison qu'on parle tant de ce mal qui est l'isolement. Ben oui, c'est un individu, avec tout ses droits, mais il sent seul.
Je ne trouve pas ce modèle de société transcendant.

4 commentaires:

Grabielle a dit…

J'aime bien ce billet un gars... cette réflexion sur l'isolement individuel (recherché ou imposé??).

A l'opposé de l'avortement, il y a cette même solitude lors de l'accouchement et l'allaitement de nos jours. "Dans le temps", ces tranches de vies étaient vécues en famille, avec le soutien et le support de la communauté.

Je me demande : est-ce que c'est le gouvernement qui intervient face au désengagement familial, ou la famille qui abdique devant l'état ? (l'oeuf ou la poule)

Michel a dit…

Je ne sais pas.
Mais bravo, tu as su passé sur le titre pour t'attarder au propos. Et ce n'était pas facile.
Autour d'un café, je sais qu'il me plairait d'échanger avec toi.
Ce n'est pas une invitation, ni un désir, une certitude seulement. Ta capacité d'ouverture me plait.

urielle a dit…

Magnifique réflexion !
Je te retrouve vraiment la-dedans.

Pour moi, j'ajouterais on demande 16 ans pour conduire, 18 ans pour voter, mais 14 pour avorter !!!

On prime le droit de la femme sur son corps, mais cette "femme" ne peut même pas voter ! Et puis le droit de l'enfant à naitre ? Ha non c'est vrai, il n'est qu'un ams cellulaire... mais certains malades en phase terminale ne sont guère plus que des amas cellulaires.

Bon je vais me taire, je suis tellement anti-avortement que j'en effraie plusieurs. Pour moi la vie est toujours mieux que la mort et la présence mieux que l'absence.

Michel a dit…

@Urielle
Bien ce billet, mal écrit comme d'habitude, tentait d'illustrer le déracinement.
Il est triste de parler de l'avortement dans des termes de gestion et de droits individuels, comme si la femme enceinte et le foetus étaient désincarnés et qu'il ne s'agissait que d'une pratique administrative et médicale. Je me disais, maudit, ça veut dire quoi sur notre mode de vie?

Bien écrire ça est un défi bien difficile pour moi à relever.