J'ai rendez-vous au 11ème d'une tour.
Fallait descendre de la 14 pour m'y rendre.
Avant j'avais du y monter, à l'arret j'y ai rencontré un vieux gai, je lui ai demandé l'heure, il me l'a donné, elle venait de sa montre et non de son cell. Ce n'est pas parce qu'il était gai, c'est parce qu'il était vieux. Il n'est plus d'usage de demander l'heure, vaut mieux demander avez-vous un cell pour me dire l'heure. Certains diront, ben comment tu sais qu'il est gai? Moi je répondrais qu'il le soit ou pas c'est pas important de toute facon etre gai c'est pas si grave et je ne vais pas parler comme aux nouvelles hier ou ils décrivaient les 2 suspects d'un crime comme étant des gens d'origine ethnique autre que blanche. J'ai bien rit je me croyais à délire en folie. Bref...
Je sors de la 14 dans le but d'entrer dans la tour 1101, il est 15h00. Il me reste deux clopes, j'en ai donné 3 à un gars qui ramassait des mégots près du métro Laurier et j'ai du temps avant ce rendez vous prévu le 20 à 15h15.
Je monte les 7 marches, me retrouve devant 2 portes d'une tour qui court sur 45 étages, c'est le 11ème qui m'intéresse, j'ai 5 minutes, je m'y arrete, je choisis une allumette parmi les 7 qu'il me reste , je l'a gratte, l'indienne s'enflamme, elle m'arrache les 2 poumons, me brise le coeur mais ménage mon porte feuille qui malgré le printemps ne comporte que bien peu de feuilles, elles s'envolent comme à l'automne. L'économie connait-elle les saisons? J'ai l'économie automnale en ce 20 mars.
Je me regarde dans la vitre de ces deux portes comme narcisse le faisait. De l'autre coté, du coté sombre, celui qui à cette heure n'est pas éclairé, je vois en pénombre un gardien de sécurité qui me fait des signes, signe de quoi? Je ne saisi pas. Je regarde ses singeries sans comprendre son langage de macaque. Je finis par allumer sans meme a avoir eu à gratter une allumette, je dois consumer mon indienne a droite ou a gauche des deux portes mais pas devant.
Je vais à gauche, je n'ai pas de réaction, je marche vers ce coin assigné, j'avale en pensant aux chasses aux sorcières d'Eastwick, ca me semble aussi surréaliste. Mais j'ai pas d'énergie pour ces singeries, alors je me retourne vers la rue, celle de René, des voitures et des camions y passent, en face des usines fument, elles aussi. Je me sens en harmonie, je boucane comme eux. Y a un petit trou pour mettre mon mégot, suffit de pousser, je le pousse, j'ouvre l'une des deux portes, passe devant le macaque, pousse le bouton up, j'entre lorsque les portes s'ouvrent je monte au 11ème ou quelqu'un m'attends pour peu de chose.
Quelques minutes plus tard, j'allume le bouton down pour rejoindre la chaussée, les portes s'ouvrent, une fille est là, je retarde son projet qui est de descendre mais elle me sourit quand meme, on se salut. Elle se trompe, elle voulait se rendre au 3ème, elle a pesé sur le 5, elle s'excuse. Je me demande ce qu'elle a tant à excuser, la faute est très légère et ses excuses tellement hors proportion. Je tente d'en rire avec elle histoire de dédramatiser là il n'y a pas de drame, on regarde la couleur de la peinture du 5ème, plutot moche dit-on, elle rejoint son 3ème et moi la rue et la 14 nord ou j'y retrouve la meme chauffeure et le gai qui a l'arret suivant réembarque avec un sac contenant quelques bouteilles de vin. Je trouve qu'il va loin pour chercher son vin mais j'ai pas osé lui poser la question, avant je l'aurais fait. On a jasé un peu pour ensuite retrouver notre place en silence en attendant d'arriver. Lui, il a remit ses écouteurs sur les oreilles, moi, je regardais par la fenetre, je voyais le parc Lafontaine et les souvenirs qu'il m'inspire.
Terminus me dit-elle, vous avez oublié de prendre votre correspondance, la voici. Merci, je l'ai prise mais j'étais arrivé, une correspondance c'est pour aller ailleurs, était-ce une invitation à partir? Je ne sais pas, je ne suis plus très curieux, je m'enferme de plus en plus, j'écoute sans trop réagir, alors j'ai mit ce truc dans ma poche, c'est là ou elle expirera et éventuellement je la jetterai dans une poubelle.
Dans ce court voyage, ce qui m'étonne c'est comment je me tais maintenant, l'essentiel, rien d'autre.