vendredi 19 mars 2010

Joannie...


Pendant que le monde était gentil envers Joannie, moi, j'étais méchant, et là, j'ai le gout d'être gentil.

Hier elle était interviewée par Julie, je ne voulais pas l'écouter, je l'ai fait finalement et elle m'inspire une histoire.

Il était une fois une petite fille séduisante et talentueuse. Sa drive? Plaire, à sa mère et à tout les autres...
- Mère Jo: Vas-y.
Joannie, équipée de ses 11 ans devait, à elle seule, impressionner le patron d'une compagnie susceptible de la sponsoriser. Pendant que mère Jo fumait sa clope dans la salle d'attente, Joannie performait devant cet homme pour obtenir un 1 000$ de subvention.

Sa vie se résumait à ça, vouloir rendre sa mère fier d'elle.

Une fois, un peu plus grande, elle a osé s'opposer à la volonté de sa mère et à celle de son entraineur.
Joannie aimait le spectacle et, pour quelques jours, elle a délaissé l'entrainement pour le plaisir du patinage.
Elle n'aurait pas du, elle s'est plantée lors de la compétition qui suivait quelques jours plus tard.
Déçue, l'entraineur l'a lâchée.
Après quelques semaines de tensions intenses, Joannie céda en disant à sa mère qu'elle veut reprendre l'entrainement.
À ses 11 ans, mère Jo lui a demandé de se confronter seule à un mécène, elle fit la même chose, ici.
- Mère Jo: Tu veux reprendre l'entrainement? Alors appelles ton entraineur pour t'excuser.

Elle composa à des dizaines de reprise ce numéro, sans être capable de subir l'humiliation, encore une fois. Mais bon, la résistance s'épuisait,et après quelques jours, elle a cédé et repris l'entrainement.

Là voilà à Vancouver, mère Jo meurt juste avant sa performance. Mère Jo lui avait volé son enfance, elle ne lui volera pas ce moment.

Le monde a vécu un deuil avec, ou plutôt, pour elle sans se douter que pour Joannie, la mort de sa mère était, en fait une libération. L'obligation de performance lui pesait beaucoup, elle ce qu'elle aimait, c'est le spectacle.

Le podium et la mort de sa mère lui a permis de vivre ce qu'elle voulait vivre, l'exposure.

Elle fut porte-drapeau, elle fut interviewée par Julie et quelques autres et, sans la pression de sa mère, elle renonça aux Mondiaux et obtint une dérogation pour participer à un spectacle de patinage artistique à la place.

La plupart des gens se sont identifié à sa douleur, sans même imaginer que la mort de sa mère constituait plutôt un soulagement.

Malheureusement Joannie n'a pas conscience que les médias la siphonne tout autant que sa mère et qu'une fois qu'elle sera passée date, le deuil d'une vie qu'elle n'aura pas eu sera difficile à faire et qu'elle sera seule pour passer au travers. Le comité olympique dans un an ne sera plus là pour elle.

Joannie n'a pas la maturité d'une Clara Hughes mais cela n'empêche pas les vautours de se servir.

4 commentaires:

ti-guy a dit…

J’ai peut être manqué une bonne entrevue, mais si ce que tu avances dans ton billet est vraiment le résumer de sa jeunesse, tu as raison que probablement le deuil ne sera pas long.

Ça reflète aussi cette nouvelle croyance d’une génération de parent qui pense que leurs enfants doivent performer à tout prix. Ils oublient qu’être un enfant veut dire aussi juste être un enfant et aller jouer dehors…

Michel a dit…

Salut Ti-Guy,
J'ai pris quelques faits qu'elle a présentés pour construire une histoire.
Je crois que ça se rapproche mais je ne suis pas dans sa tête.

Mais présenté comme ça, je l'aimais bien Joannie.

Une femme a dit…

Jaime bien ton histoire.

Anonyme a dit…

Tout à fait d'accord avec ti-guy!