vendredi 24 avril 2009

Toute belle...

Je me dirige vers la station Laurier. Rue Saint-Joseph, trois personnes accroupies sur le terre-plein divisant le boulevard. Un chien y termine sa vie, frappé par une voiture, une dame le flatte pendant qu'il agonise. Je ne fais pas le badeau, je regarde peu mais l'image se fixe en moi d'un seul clic, elle est imprégnée à jamais. Je me rappelle une phrase énoncée par ma fille devant un pigeon blessé.
Elle - Il faudrait qu'il commence à penser à dire adieu à sa vie.
Je continues ma route en flottant sur les émotions que cette image suscite en moi. Arrivé au petit parc, devant la station, un quèteux, un skidzo, comme Alain, mais plus souffrant, il est dans le pic de sa maladie, il en a encore pour 20 ans de souffrance et ca, seulement si il prend soin de lui. Il s'appelle Yan.
Une femme est assise sur l'un des trois bancs, il lui parle et repars avec une cigarette. Je connais son baratin, il se présente ainsi.
Yan - Bonjour, je souffre de schizophrénie et je n'ai pas beaucoup d'argent pouvez-vous m'aidez? Je sais, il me l'a déjà déclamé.

À mon tour, je m'approche d'elle.
Moi - Bonjour, vous avez une cigarette? Je le fais à la blague, je m'attends à ce qu'elle me dise non, qu'elle vient juste d'en offrir une à quelqu'un d'autre et que ces demandes incessantes l'excèdent.
Elle - Bien sur, et elle m'offre une Benson and Hedges.
Moi - Je faisais une blague, je m'attendais à ce que vous disiez non. Merci, c'est gentil.
Je m'assoie sur la banc qui voisine le sien. Elle est belle, très belle. Cheveux presque noir et boudinant. Des yeux magnifiques et une sourire qui l'est tout autant. De nos bancs respectifs, on se parle comme à longue-distance mais sans frais. Je guette son désintéret pour ne pas me faire insistant mais elle relance mes silences. Je trouve ca flatteur qu'une belle femme de 25 ans s'intéresse à une conversation avec moi.
Elle - On s'est parlé l'autre fois. Ha oui je me souviens, c'est la belle qui étudie à l'université de Montréal en relations internationales. Elle est toujours aussi jolie et gentille.
J'aime le printemps, dit-elle.
Moi - J'aime cette température aussi. L'idéal pour moi c'est 23-24-25 degré. Semblerait qu'en Espagne et au Chili, il y a des régions qui ont ces températures.
Elle - Ca me rappelle mon voyage au Chili... et la on part, son voyage, l'interdiction d'interdire de dormir sur les plages, les gens qu'elle a rencontré.
La politique, la dictature et l'effet sur les personnes. Moi j'aime pas les Chiliens, j'aime pas les gens qui viennent de pays ou il y avait dictature. En fait je réalise que j'aime personne, j'aime pas l'humain.
Elle - Mais tu me parles, te sembles aimer les personnes.
Moi - Oui, tu as raison, j'aime les individus, j'aime pas les organisations en fait.. Je me tais pour réfléchir et préciser ma pensée.
En fait, ce que je n'aime pas, c'est ce besoin de l'humain a créer quelque chose en dehors de lui et tout ce qu'il se permet de faire au nom de la défense de cette chose abstraite qu'il a crée. C'est ca que je n'aime pas. J'en parlais l'autre jour dans mon blog... et la discussion continues. Un moment donné, elle se lève, s'approche de moi.
Elle - Je m'appelle Nathalie, toi? et elle me tend la main.
Moi - Je me lève aussi, Michel.

Elle se prépare à quitter, on se salue, je me retourne.
Moi - Tu veux l'adresse de mon blog pour lire mes délires ?
Nathalie- Oui, ok.
Moi - C'est facile, un gars blogspot.com
Nathalie- Un gars?
Moi - Ben oui.

Deux coins de rue plus loin, putain c'est pas un gars, c'est chroniquesdungars. Je suis con, j'aurais aimé qu'elle me lise.

Bref, elle m'a donné le gout d'avoir 25 ans et d'etre amoureux.

6 commentaires:

Une femme a dit…

Si tu fais une recherche dans google avec : un gars blogspot tu es le 3ieme lien. Alors si elle y pense.. elle passera ici :)

Oops, we're dead! a dit…

J'allais dire exactement ce que So Much a dit. Ne désespère pas vieux.

Michel a dit…

Je ne suis pas amoureux là, donc je ne désespère pas du tout. Je me désolé de n'avoir pu dire mon adresse correctement. Faut le faire....
Mais je dirais par contre qu'à sa rencontre, j'ai rénoué contact avec le sentiment amoureux. Ca faisait longtemps et je ne croyais pas que c'était encore là, en moi. Bien sur si j'avais 25 ans, je me serais montré très intéressé.

Ca reste une belle personne, physiquement certe, mais aussi avec des valeurs qui semblent très bonnes. Une belle sensibilité, une belle générosité, unes belle disponibilité. Bien des qualités quoi.
Un peu comme moi ;-)

Une femme a dit…

ahahah..

Anonyme a dit…

J'aime le printemps qui favorise ce genre de rencontre, dans la ville.

Michel a dit…

@so musch..
Je me demande bien de quoi tu rigoles?
@ Morgane...
Oui c'est vrai, j'aime ces rencontres imprévues qui sont très agréables et qui ont de la valeur que pour ce qu'elles ont été, sans désir de remettre ca mais quand jouissif et suffisant en soi.