lundi 20 avril 2009

Prendre soin...

Du banc devant l'autel, Alain attends le début de la célébration. Derrière, un bruit, c'est Chris, il vient de casser la boite qui contient les argents, le pretre accoure, Chris le pousse, le représentant de Dieu est sur le cul et Chris se sauve avec l'argent.
C'est du banc du métro Laurier qu'Alain me raconte cette histoire qui date de ce matin. Il s'inquiète.
Il porte un kangourou zèbré, je lui fais la remarque.
Moi - Tu as l'air d'un zèbre ce soir.
Alain - C'est Chris qui me l'a donné, ben donné, il me l'a vendu 20$.
Ca fait cinq ans qu'Alain tente de l'aider. Je crois plutot que Chris lui vide les poches pour payer sa drogue, naivement Alain sort le cash.
Alain - Ouin les intervenants me disent ca aussi. Ils me disent que ca l'aide pas vraiment. Moi je tente de l'aider.
Moi - Je ne sais pas, des chances que non. Mais je n'insiste pas, ca ne me regarde pas et je ne veux pas jouer ce role auprès de lui.

Il me parle un peu de son enfance, un père alcolo et tortionnaire, un mère soumise à ce dictateur.
Alain - À dix ans, j'ai monté sur le toit de la maison d'un voisin, mon père l'a su. Il m'a laissé le choix.
Le père - Tu passes un mois dans le coin à genoux ou ta mère te donne 15 coups de ceinture.
Alain - j'ai choisi les coup de ceinture, c'est sur.
Moi - Bien sur, j'aurais fait le meme choix. Mais c'était mérité.
Alain - Oui, je sais.
Moi - Bien sur, un enfant de 10 ans qui monte sur un toit, c'est très méchant. Je lui donne un coup de coude. Je te niaise Alain, je montais sur les toits de mon école, des maisons aussi à cet age là.

Il me parle de son père, il utilise le mot dictateur, mais tortionnaire ferait l'affaire aussi. En l'écoutant j'ai souvenir du mien.
Moi - Je me cachais dans les garde-robes, il me cherchait, je l'entendais respirer et dire t'es ou mon tabarnak.
Alain - Moi aussi j'ai fait ca. Je me cachais en dessous du lit, j'en sortais quand il s'en allait.
Moi - C'est un méchant malade ton père, un mauvais père, un mauvais mari.
Alain - Ouin, il est mort il y a 4 mois.
Moi - Ben c'est une bonne affaire. Je veux pas manquer de respect envers ton père, une partie de toi doit l'aimer mais disons que lorsqu'il était méchant, il pouvait etre très méchant.
Alain - oui.
Moi - T'as pas froid?
Alain - Non.
Moi - Moi je suis gelé, je rentre. Je lui serre la main, il prends la mienne avec ses deux mains et on se dit à bientot.
Alain - Prends soin de toi. Curieux cette expression, elle me touche toujours parce que je ne le fais pas et je souffre qu'on ait jamais pris soin de moi. Je me ferme lorsque je l'entends meme si je sais, rationnellement que c'est une douce attention. Moi, cette expression me chavire.
Moi - (dans ma tete) Qu'est ce que t'en as à foutre? Un réflexe, dans ma tete ca dit Fuck You. Je ne l'utilise jamais cette expression. Ce ne sont que des mots, les mots ne m'attendrissent pas du tout. J'aime les gestes, pas les paroles. Ses deux mains autour de la mienne auraient simplement suffit. Parfois un silence, une abstention de mots est mieux, pour moi en tout cas. Le silence est d'or dit-on. Je le crois. J'aime me taire parfois.

3 commentaires:

Sally Fée a dit…

Se taire? Pourtant les mots peuvent servir à évacuer le trop plein. De tristesse, de colère et parfois d'amour.

Michel a dit…

@Conte de Fée...
Oui c'est vrai, il est important de dire.
Je faisais référence à celui qui est dans le role de vouloir aider. C'est la ou le silence est d'or et ou les formules d'usage me semblent parfois de trop. Une regard, ressentir l'impuissance de l'autre en silence, seulement en maintenant un contact chaleureux me semble parfois une meilleure formule. Laissé ressentir plutot que de chercher à soulager par des mots qui finalement ne font que détourner.

Sally Fée a dit…

Je comprends... parfois, en voulant apporter un réconfort on prononce des phrases toutes faites d'avance, tandis qu'un regard, un effleurement diraient d'avantage.