mercredi 29 avril 2009

Trouble d'identité...


Année 90, je traine avec mon chum Denis Au Cheval Blanc, une des premières micro brasseries. Il y a un bidule de fermentation en inox dans la pièce qui elle, est généreuse en profondeur et pauvre en largueur. On se tenait tout au fond, on parlait, on fumait, on buvait. À l'époque, on fumait sur place. Au sous sol, la bière fermentait dans d'autres cuves.
Il m'est arrivée à quelques reprises de me faire aborder par des groupies de Jean Leloup, toutes excitées de le rencontrer. J'aurais aimé l'etre mais je devais dire que je ne l'étais pas. Elles s'en retournaient décues et moi flatté, bien que j'aurais aimé l'etre, donc un peu décu aussi. Ce Ha c'est pas toi! Ouin, c'est juste moi. Truc à la con quoi.

Mais depuis, j'ai vieillit, et je ne suis pas un bon vin qui vieillit bien.
Aujourd'hui, sur Saint-Laurent, j'entends derrière moi quelqu'un qui m'interpelle en m'appelant Jean. Je n'avais pas saisi mais je me suis retourné quand meme. C'était une femme avec son chien. Elle s'excuse, elle croyait que j'étais Jean Leloup. C'est l'une ses amies, probablement plus une de ses groupies. On marche ensemble un bout.
Elle me dit qu'elle m'a vu l'autre fois et qu'elle a pensé pour un moment que j'étais lui. On parle de Jean, de son talent, de son génie, de sa drolerie, de sa maniaco-dépression et de notre tristesse de voir les gens s'en amuser comme de gros cons sans sensibilité qui sont prets à tout pour amuser la galerie.

On se quitte et ca me fait un velour. Je croyais tellement avoir mal vieillit que j'en avais fait le deuil de cette ressemblance. Mais faut dire que lui aussi vieillit mal, la semaine passée à Tout le monde en parle, j'étais inquiet pour lui, je ne rigolais pas à le voir aller et j'étais outrè (clin d'oeil à Loft Story) de voir les gens en rire. Cheap. Pourquoi je ne rigole pas dans ce temps là et que je peine à la place devant ces gens qui rigolent de la souffrance d'un autre, pourquoi?
Sa théorie est qu'il maigrit lorsqu'il va bien. Ben non, j'y crois pas. Les chances sont grandes qu'il soit dans une phase dépressive.

Je suis un caméléon aujourd,hui, dans la meme journée on me prends pour un pédophile et ensuite pour Jean Leloup.

Une seule personne m'a appelé Michel aujourd'hui, le monteur à couette rue Laurier, il s'appele Gaétan.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Pour être ben franche avec toi, moi non plus ça ne me fait pas rire du tout. Et le malaise que je ressens est suffisamment grand pour que je parte, carrément. Et pire, je ne comprends vraiment pas les gens qui s'en amusent.

Sally Fée a dit…

Je suis d'accord avec Morgane et avec vous, Michel... ce que nous ressentons, ça s'appelle de l'empathie.

Puisse t'elle être plus contagieuse que la grippe porcine.

Michel a dit…

Contes de fée...
Pourquoi ce vous?

Sally Fée a dit…

Hum... par réflexe. Je tutoie les gens que je connais bien ou que je rencontre souvent, mais pas tous.

Ainsi, je vouvoie le livreur de tissu, les serveuses dans les restos, tout nouveau client et même ma Maman.

Question d'éducation peut-être, d'habitude sans doute et sûrement, de préférences.

Dans une autre vie, un prétendant me vouvoyait et je trouvait cela tout à fait romantique...

On ne se refait pas si facilement!

:O)

Michel a dit…

C'est parfait.
J'aime bien, ca me donne une dose de respectabilité qui me manque ces temps-ci.
Dans le réel, j'utilise le vous beaucoup. Par respect. Je n'aime pas qu'un inconnu m'aborde en tu. Je ne le relève pas, je n'aime pas les lecons de morale non plus mais
sur les blogs oui, ca doit etre une projection d'intimité qui n'existe pas vraiment.
Je sens dans votre vous, quelque chose qui est de l'ordre d'un respect de certaines valeurs humaines, qui va au delà des apparences, et ca j'aime bien. Et le vous peut suffire pour exprimer ce truc qui marque une attention, un intéret à l'autre pour ce qu'il est.
Le tu, parfois trop rapidement familier crée une proximité qui est en fait inexistante.